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Suzy Belizaire

Mon nom Suzy Belizaire. Je suis à la Maison d'Haïti en tant qu'intervenante, mais j’ai une compagnie de beauté. Donc j'offre des services de beauté, de coiffure, maquillage pour l'événementiel et surtout, je fais des ateliers avec les hommes et les femmes qui veulent embrasser leur “couronne” parce que moi, j'appelle ça “une couronne” les cheveux crépus. Je pense que les années 2000, ce que j'ai trouvé intéressant, c'est qu’on a commencé à accepter le fait que la beauté n'était pas nécessairement associée à tous les stéréotypes que la société nous projette : les cheveux lisses, les cheveux plats, longs et tout.

 

Donc moi, c'est la promotion de ce que je fais avec ma compagnie beauté. C'est vraiment pour conscientiser les gens de leur beauté, leur faire prendre conscience de cette beauté là qui peut être autant crépue que bouclée que lisse, et que la beauté n'avait pas de texture. En fait, moi, j'ai commencé à me coiffer dès l'âge, je vous dirais, depuis l’âge primaire. Je commençais à me faire des tresses à moi tout d'abord, je me faisais me tresser les cheveux. Par la suite, j'ai commencé à tresser mes sœurs et rendue au secondaire, c'était rendu,  que la nouvelle s'était propagée, que j'étais en mesure de faire des coiffures. Donc très rapidement, je me suis formée une clientèle auprès de mes amis, la famille et les amis des amis. Donc c'est à partir de là que j'ai commencé à gagner ma vie en faisant des tresses. 

 

J'ai compris aussi qu'il y avait une histoire derrière les tresses. Tresser pour tresser, pour nous, ça a l'air banal. Mais par contre, avec le temps et avec ce que j'ai pu lire dans les livres ou bien dans les documentaires, c'est qu'il y avait une histoire derrière ces tresses là. Ça avait beaucoup plus de signification encore pour moi de savoir que la façon de tresser de chaque village signifiait un message que ces femmes-là voulaient communiquer entre elles, par les tresses. Donc c'est un langage aussi les tresses. Ce n'était pas que des tresses pour le côté pratico-pratique, mais c'était un langage aussi. Donc c'est ce qu'on essaye de faire, de dire aux jeunes lorsqu'on se présente d'une façon : qu'on se coiffe d'une façon. On dit que «l'habit ne fait pas le moine», mais les cheveux souvent font le moine, parce qu'on a un message qu'on véhicule par rapport à notre couronne, comme on dit, parce que moi j'appelle ça la couronne. 

 

Donc je pourrais vous dire que plus que je vieillis, plus j'apprécie ma couronne crépue. Et puis je trouve qu'il y a de la beauté là-dedans. Et puis, plus jeune, c'est sûr que si on cherchait à être autre chose. Mais aujourd'hui, je suis très fière d'être ce que je suis avec les cheveux crépus.

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