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Siou Mey Chan

Bonjour. Je m'appelle Siou Mey Chan. J'ai 42 ans, je suis entrepreneur. J'aide les mamans à coiffer les cheveux texturés de leurs enfants. Je suis née en France d'un papa chinois et d'une maman martiniquaise. Quand je suis née, au grand bonheur de ma mère, j'avais les cheveux lisses, donc complètement raides comme des baguettes. Jusqu'à l'âge de six ans environ. Et c'est à partir de cet âge là que mes cheveux ont commencé légèrement à onduler, puis à boucler. Donc ma mère n'a pas vraiment eu de difficultés pour me coiffer. C'est quand j'ai eu entre dix et douze ans que la texture a commencé à vraiment changer. Ou ils ont commencé un peu à être plus un peu plus bouclés. Mais à l'époque, ce n'était pas trop la mode des cheveux bouclés. Du coup, on elle brossais les cheveux souvent régulièrement. Elle adorait me brosser les cheveux et dans sa philosophie déjà de base, elle voulait se marier soit avec un Suédois, donc un blond aux yeux bleus. Pour elle, dans sa tête, ou bien avec un Chinois pour que ses enfants aient de beaux cheveux, puisqu'elle ne considérait pas qu'elle avait de beaux cheveux. 

 

L'adolescence a été assez difficile pour moi. J'étais la seule avec les cheveux texturés, on va dire pas bouclés puisqu'elle les brossait tout le temps. Et ma mère était une adepte des soins naturels à l'époque déjà. Donc je me rappelle que tous les week-ends, on faisait des soins naturels. Donc c'était souvent un œuf, l'huile d'olive, une cuillère de rhum, l'huile de ricin. Et j'avais des masques sur la tête qu'on gardait une ou deux heures. Et après on faisait ça quasiment tous les week end. Je n'avais pas de bons souvenirs. Vraiment, j'avais des remarques. À l'école, on me disait : «Oh, tes cheveux sentent mauvais ! Qu'est ce qui se passe ? Qu'est ce que t'as fait ?» Donc moi, fière, je racontais que je mettais des œufs, etc et ce n'était pas forcément une bonne idée. Donc les enfants se moquaient de moi. 

 

Là ou j'ai commencé un peu à, ça était assez problématique. C'est quand j'ai passé vraiment l'adolescence. Adolescence, on va dire seize ans, 18 ans, je ne savais pas du tout me coiffer. Je ne savais pas entretenir mes cheveux et j'avais le modèle des cheveux raides. Donc j'utilisais ces appareils en cachette. À laver, ce qu'on appelle chez nous un babyliss, cette espèce de fer pour se raidir les cheveux. Et à l'époque, c'était la mode des mèches, une mèche sur le front. Donc j'essayais de me me lisser les cheveux à l'époque, en cachette, toujours parce que ma mère, bien sûr, détestait ça. Et j'avais comme rêve d'avoir les cheveux raides. Et je me rappelle même que j'achetais des “défrisage enfant” en cachette et que j'essaie de me défriser les cheveux, ce qui ne marchait pas puisque j'avais plutôt le cheveu lisse 

 

Et puis, on va dire, vers 20 ans, quand je suis arrivée à l'université, c'est là que j'ai commencé à aller chez les coiffeurs pour ressembler à toutes les filles avec ses cheveux raides. Donc je rentrais les cheveux bouclés, je ressortais les cheveux raides avec des couleurs, des teintures, des cheveux courts. Une fois les cheveux courts et puis on va dire vers 22, 23 ans, il y avait un coiffeur sur pas très loin des Champs Elysées qui faisait la promotion de couper les cheveux bouclés. Et en fait, il faisait des tests une fois par mois, gratuitement parce que j'étais étudiante. Je n'avais pas forcément les moyens. Et c'est là que je me suis dis un jour je garderai mes cheveux bouclés. Mais ce n’étaient pas des “vrai” coiffeurs, c’étaient des apprentis. Et un jour, je suis partie à cette époque, donc dans ce coiffeur et je suis tombée sur une débutante débutante et elle m'a massacré la tête. Je ne pouvais pas rester comme ça. J'avais les cheveux on va dire coupe courte, mi longue, mi-mulet.. Une horreur ! Et là, on m'a proposé d'arranger les choses en me proposant comme un nouveau produit qui lisse les cheveux. J'ai bien sûr accepté à mon grand désespoir, puisque c'était un défrisage en fait. Un vrai défrisage.

 

Donc je suis restée pendant trois ans les cheveux, les pointes lisses, et les racines bouclées. Donc à chaque fois que mes cheveux repoussaient, ça poussait bouclé et j'avais les pointes lisses. Et là, je me suis dit qu'il va falloir que je fasse quelque chose parce que je ne peux pas continuer comme ça. Je n'avais pas de modèle puisque ma mère avait les cheveux crépus. Elle se défrisait les cheveux. Je me rappelle que c'était un calvaire pour elle. C'était ma tante qui venait à la maison une fois tous les deux mois ou une fois par mois avec le fameux Dark and lovely. Fallait lui mettre de la vaseline tout autour de la tête;  chronométrer. On sentait des fois l'odeur de la soude et quand elle disait «Roselyne, ça pique ! Ça pique !». C'était l'heure du rinçage et c'était quand je voyais ma mère faire ça. Je me suis dit : « Mais pourquoi on fait ça ? Pourquoi on se torture comme ça ? Pour pouvoir lisser ses cheveux ?». Et du coup, je la voyais tous les soirs mettre ses bigoudis, faire des papillotes. Je ne sais pas comment on dit ça, la papillote, on prenait du papier journal qu'on froissait et elle faisait des papillotes dans ses cheveux. Elle avait les cheveux courts, et de la même façon, elle ne pouvait pas vraiment se laisser pousser parce que le défrisage cassait ses cheveux. Elle avait les cheveux fins. Et puis j'ai toujours eu ce modèle là, en fait. Et comme je suis la seule fille,  elle n'avait pas vraiment d'expérience. J'ai jamais été tressée, je n'ai jamais mis de rajouts dans mes cheveux. Mais j'avais un complexe vraiment avec mes cheveux.

 

Je suis arrivée à Montréal en 2011 et c'est là que j'ai pris conscience, avec le mouvement Nappy, qu'il fallait que je fasse quelque chose avec mes cheveux et qu'il fallait vraiment que j'en prenne soin naturellement. Et c'est là ou j'ai parti un blog que j'ai appelé Le labo de Sioum Sioum et j'ai partagé, fait de mes expériences sur mes propres cheveux avec des recettes à base de poudre indienne, d'huile, d'huiles essentielles. Et je partageais ça toutes les semaines. Et c'est devenu un peu une passion. Donc, j'ai toujours aidé les gens dans l'entretien de leurs cheveux de façon naturelle, avec du miel, du citron, etc. Et puis j'ai eu ma fille. Elle est née en 2015. Naika quand elle est née à mon grand étonnement, elle avait les cheveux lisses pareil, les cheveux lisses pendant deux ou trois mois. Sauf que ça a commencé à boucler, vraiment à partir de six mois. Donc c'était des belles boucles. Un type trois qui commençait à pousser vers un type trois B. Donc des boucles de plus en plus formées. Et moi, je sais entretenir les cheveux naturels, mais je ne sais pas coiffer et je ne sais pas tresser. 

 

Quand elle a commencé à avoir deux ans et demi, trois ans, ça commençait à être assez compliqué pour moi puisque deux couettes, deux choux, une tresse, c'était pas suffisant parce qu'elle a commencé à avoir de la longueur. Donc j'ai commencé à aller sur les sites YouTube et Instagram pour essayer de comprendre comment coiffer un enfant et je me suis retrouvée vraiment complexée, démunie. Je n'avais pas d'outils, je me sentais perdue. Ça a été compliqué pour moi et j'ai essayé de me débrouiller un peu toute seule avec des vidéos, avec des tutoriels. Mais c'était très très moyen ce que j'arrivais à faire sur ses cheveux.

 

J'ai pas vraiment coupé ses cheveux. Aujourd'hui, Naika a les cheveux crépus très très frisés. J'ai pris des cours l'année dernière pour apprendre à tresser et vraiment pour me perfectionner dans mes techniques de coiffure parce que je trouve que c'est très important pour une petite fille de se trouver jolie. Ça touche directement son estime d'elle et sa façon de grandir et sa personnalité. Donc pour moi, c'était primordial. C'était très important de savoir coiffer et qu'elle se sente jolie. Naika je la coiffe toutes les deux semaines parce qu'on peut la coiffer toutes les deux semaines. Ça prend un petit bout de temps. On va dire 2 heures minimum entre shampoings démêlage et coiffure. Elle reçoit tout le temps des compliments à l'école. Je reçois aussi des compliments d'autres mamans et voilà, c'est une petite fille qui est épanouie et j'espère qu'elle,  elle pourra transmettre tout ce que je lui transmet, à ses enfants plus tard.

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