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Michaelle Sergile

Michaelle Sergile, artiste, haïtienne, commissaire et travailleuse culturelle. 

 

Mon expérience avec les tresses a été assez décalée. 

Disons que, comme beaucoup d'enfants, j'ai eu une expérience avec ma mère qui me tressait assez jeune, juste pour faciliter les choses, puisque j'étais enfant. On court partout. On fait des bêtises. 

Donc c'est toujours plus simple aussi d'avoir les cheveux tressés. 

 

Mais disons qu'en grandissant et en migrant aussi au Canada, vers mes sept ans, c'est quelque chose qu'on a un peu laissé derrière aussi.

C'est majoritairement un choix qui a été fait de ma part. 

Étant très jeune et voulant me défriser les cheveux, ça a été quelque chose que j'ai mis de côté. 

 

Mais qui m'est revenu assez rapidement aussi. Parce que j'avais le désir finalement de retourner vers mon haïtienneté, que je semblait avoir perdue en émigrant ici. 

Donc les tresses sont revenues assez rapidement, finalement dans mon parcours. 

 

J'ai eu un défrisage de cheveux, peut-être pendant environ six ans. 

 

Puis en décidant d'arrêter de me défriser les cheveux, j'ai recommencé à me faire des tresses et ce n'est pas quelque chose qui est très vu dans ma famille, disons. On est une famille pratiquement qu’haïtienne. Dans la génération de mes parents, ils sont très peu à ne pas s'être défriser les cheveux.

C'est vraiment ma génération, actuelle, donc, mes demi-frères, demi-sœurs, cousins, cousines qui vraiment ont réfléchi à nouveau le cheveu crépu. On réfléchit aux différentes coiffures qui se prêtent à nos cheveux. Et qui embellissent aussi nos cheveux. Qui font en sorte qu’on apprécie la beauté de nos cheveux. 

Et c'est là OÙ les tresses sont vraiment revenues dans ma vie.

 

C’est quelque chose qu'on vit tous, toutes en ce moment, dans ma famille aussi, dans ma génération et dans la génération plus jeune que la mienne. 

Il y a ce désir de retourner vers nos cheveux, d'apprécier nos cheveux et de ne pas aller dans un défrisage automatiquement. 

 

C'est sûr que pour moi, d'être une femme noire et d'aimer mes cheveux et de me dire qu'éventuellement, avoir des enfants, c'est aussi quelque chose que je vais apprendre à mes enfants, à aimer leurs cheveux, à aimer la texture de leurs cheveux, à pouvoir apprécier les différentes choses qu'ils peuvent faire avec leurs cheveux, à justement voir que des tresses, c'est quelque chose de beau et de facile à manier. C'est quelque chose que je veux, qui reste dans ma famille.

 

Je ne veux pas non plus, je ne mets pas le blâme sur les générations précédentes. 

​

Je pense que d'avoir cette option de défrisage et de ne pas de ne pas réfléchir finalement aux possibilités de faire des choses avec nos cheveux, fait en sorte qu’on ne réalise pas finalement la beauté du cheveu crépu.

​

C'est quelque chose qui j'espère, lorsque j'aurai mes enfants de mon côté, ce sera quelque chose que je serai capable d'inculquer assez rapidement dans leur éducation. Qu'ils comprennent que finalement le cheveu crépu, les tresses, les locks, tout, c'est quelque chose de beau. C'est quelque chose d'intéressant à faire sur soi.

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