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Marie Edith Hilaire

Mon nom est Edith Hilaire, je suis architecte. 

Je suis venue à Montréal dans les années 80-90. Depuis j'évolue à Montréal.

Je suis très heureuse de participer à cette présentation, ce mémoire dans le cadre du projet tresses de Barbara Stephenson. 

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Je veux parler d'abord du souvenir que le mot tresse m’apporte. 

C'est d'abord le souvenir de ma mère, qui est encore là. Quand on était petites, on est une famille de 5 filles et un garçon, et on a toutes de très longs cheveux,  ma mère nous prenait à tour de rôle, entre ses deux jambes, avec un peigne et une brosse et elle nous faisait des nattes. 

 

Alors les tresses évoquent principalement, tout ce qui est ma mère, tout ce qui est tendresse, tout ce qui est générosité dans le fait de montrer comment nous coiffer. 

Parce qu'on était toutes dans une école congréganiste, extrêmement sévère sur l'attitude, le comportement. Les cheveux devaient être très, très bien tenus.

 

Donc voilà, ça me rappelle l'enfance. Ça me rappelle la tendresse, la complicité, la générosité. 

 

Peut-être que comme afro haïtienne, c'est quelque chose qui nous permet de nous replonger dans le passé. Parce que ce geste, est un geste qui qui évoque le passé des esclaves. Le passé de la proximité avec sa progéniture, pour la protéger et pour la mettre dans la disposition  des règles et des comportements qu’on attend, que la société attend.

 

Donc, du point de vue des émotions, c'est vraiment quand on parle de tresses, on parle  d'entrelacements, on parle de complicité et on parle aussi de créer des objets qui bougent qui nous permettent de nous parer comme femme, comme fille. 

 

Donc ça nous invite dans une société où il faut être belle, où les rites sont très importants.

 

Alors pour la transmission, en fait, de savoir comment se tresser, moi je n’ai pas d'enfants, mais j'ai des neveux et nièces, surtout des nièces, qui ont des cheveux en cascades. 

Les mamans apprennent aux filles à se tresser, à se faire belles. 

 

C'est un geste qui rappelle, qui remonte à des siècles en fait. 

C'est une transmission du savoir, c'est un ancrage aussi. Pour les petites filles comme moi, quand j'étais petite fille avec ma mère.  

 

C'est un ancrage dans notre passé. 

C'est un ancrage aussi dans tout ce qui est conte. 

Parce que lorsqu’on est assis à tresser ça prend un peu de temps, ça prend des heures souvent. Ça permet de raconter, ça permet de conter, ça permet de régler pas mal de soucis. Juste avec la communication,avec la façon de partager les expériences, partager les émotions aussi.

Donc, c'est un moment, souvent, de mise au point, de contact généreux. Et puis les petite filles l'apprennent aussi. Et on le fait de génération en génération.

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