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Marie Blazy

Bonjour. Je m'appelle Marie Blazy, j'ai 40 ans. Je suis née en France et j'habite à Montréal depuis 2009. Par rapport à mon expérience quant à la tresse, en fait, ma mère me faisait aussi des couettes. En fait, chaque semaine et pendant la semaine, je m'amusais à démêler chaque côté. Et puis je faisais très attention de ne pas perdre la ligne du milieu parce qu'après, je ne savais pas trop comment j'allais m'en sortir. Donc voilà. Et c'est quand je suis allée en Guadeloupe que là, j'ai des tantes qui m'ont tressée, qui m'ont fait de “vraies tresses”, entre guillemets. Et donc j'ai aimé cette expérience parce que j'avais l'impression de faire partie d'une communauté. Alors que lorsque ma mère me coiffait, comme on n'était que toutes les deux, j'avais l'impression que je ne faisais pas partie de quoi que ce soit. Surtout que là où je vivais, il n'y avait pas vraiment d'afro descendants. Donc j'étais la seule métisse quasiment du village, etc. Donc je ne faisais pas partie. Je n'arrivais pas à me reconnaître. Je n'avais pas de semblables en fait. Et quand j'ai déménagé en banlieue parisienne, là c'était différent et je me suis retrouvée aussi dans une certaine communauté.

 

J'ai vécu dans un village de l'Oise qui s'appelle Rémy sur une durée, de mes 6 à 12 ans,  je pense. Et la première fois que je suis allée en Guadeloupe et en fait, c'est le premier séjour dont je me rappelle, parce que je sais que j'y suis allée avant, mais je ne me rappelle pas. Je pense que j'avais à peu près neuf an. Quand je suis allée en Guadeloupe, bon, déjà, j'ai fait connaissance réellement avec mes tantes, mes oncles, mes cousins, mes cousines. Et lorsque mes tantes ont décidé de me coiffer, il y avait vraiment toute la famille de la grand-mère, jusqu'à jusqu'au derniers nés. Donc, il y avait toute l'ambiance qui y allait avec la musique, le créole, parce que ma mère ne m'a pas enseigné le créole, donc ça aussi… 

 

Quand j'allais là-bas en tout cas, la première fois que j'y suis allée, j'ai senti que j'étais chez moi et que c'était une découverte. Mais en même temps, je ne sais pas. C'est comme si je retrouvais quelque chose, mais que je ne connaissais pas un peu. Je dirais que ça m'a fait du bien de découvrir qui j'étais à ce moment-là, parce que dans le village ou je vivais, comme j'étais la seule métisse, j'avais l'impression d'être un cas à part. Et moi aussi je voulais quelque part avoir les cheveux comme les autres, les cheveux raides. Donc je voulais me faire défriser. Quand je regardais dans les magazines, je regardais les femmes qui avaient comme le superbe brushing hyper élaboré, etc Donc du coup, je me dis quand j'allais là-bas, je me disais Ah ben je ne suis pas toute seule, finalement.

 

Lorsque je partais en Guadeloupe et qu'on me tressait, c'est sûr que l'expérience de la coiffure était un moment important. Mais je l'associe aussi à la culture antillaise. En fait, et donc pour moi, ce n'est pas juste une coiffure. Ce n'est pas juste pour faire joli ou quoi que ce soit. C'est aussi ça. Ça parle des racines et donc c'est ce que je ressentais quand j'allais là bas et que je vivais cette expérience. Il y avait une dimension qui était beaucoup plus importante que l'esthétisme. 

 

Aujourd'hui, je ne me tresse pas forcément. J'ai fait des tresses quand j'étais adolescente. Un peu comme quand Alicia Keys, est sortie, on voulait toutes être des Alicia Keys. J'avais la même coiffure qu’Alicia Keys. Mais après, quand j'ai commencé à rentrer dans le monde du travail, les tresses n'étaient pas forcément bien vues. On nous disait souvent «ne portez pas de tresses parce que ça fait un peu trop adolescente, ça fait un peu trop communautaire», on va dire je ne sais pas. Donc du coup, j'ai quand même mis ça un peu de côté. Mais par contre, j'ai toujours voulu apprendre à tresser, etc. C'est juste que pas fait le move, mais ça m'intéresse. Mais aujourd'hui, je n'utilise pas cette technique. 

 

Ma grand mère de mémoire, parce que je l'ai pas connue très longtemps. Mais c'était une personne qui se tressait, mais c'était pas des tresses élaborées, c'était vraiment. J'ai envie de dire que c'était de la tresse utile.

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