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Florie-Laure Zadigue Dubé

Je m'appelle Florie-Laure Zadigue Dubé. Je suis québécoise, haïtienne et guadeloupéenne. Mon père est guadeloupéen et ma mère est haïtienne et québécoise. J'ai grandi à Montréal. Mon expérience avec les tresses quand j'étais petite, c'était juste la norme pour moi. Je n'ai jamais pensé qu'il y avait autre chose à faire avec mes cheveux. C'est comme ça que ma mère s'occupait de mes cheveux. Et j'ai toujours trouvé ça beau, surtout que toutes mes cousines avec qui j'ai passé la plupart de mon temps avaient le même traitement dans leurs cheveux. 

 

À l'école, je me sentais un peu différente, mais ça ne me dérangeait pas particulièrement, parce que je ne m'entendais pas très bien avec mes camarades de classe de toute manière. Donc, je n'avais pas vraiment besoin de me sentir plus proche d’eux par rapport à mon apparence. J'ai commencé par exemple à vouloir faire quelque chose d'autre avec mes cheveux parce que j'avais la tête très sensible et ça me faisait très mal de me faire coiffer. Et à dix onze ans je pense, j'ai demandé que mes cheveux soient coupés et j'ai un peu regretté cette décision parce que j'étais jeune et c'était un style qui était un petit peu out there pour quelqu'un de mon âge.

 

Et après ça, la longueur mi longue était très très difficile à gérer. Et c'est avec ces longueurs la première fois et la seule fois que j'ai mis un relaxant dans mes cheveux. Je ne vais pas mentir. Moi, j'avais aimé le relaxant parce que je pouvais passer le peigne dans mes cheveux sans qu'il y ait des nœuds, et au vent, je sentais que ça bougeait un petit peu et je trouvais ça assez cool. Mais j'avais entendu beaucoup d'histoires d'horreur de ma mère, de mes tantes, de même que d'autres personnes qui me disaient que c'était pas bon pour les cheveux, pour le cuir chevelu, ça cassait. Je m'étais dit «OK, c'est une fois, mais c'est tout. Je le referais plus». Et ensuite, quand mes cheveux ont recommencé à pousser, j'ai recommencé à faire des tresses et ça ne m'a jamais particulièrement dérangée.

 

Je préfère faire des tresses ou des twist ou d'autres styles qu'on appelle "protective style", que laisser mes cheveux complètement naturels, parce que j'ai pris l'habitude de ne pas avoir à me coiffer tous les matins et quand  t’a les cheveux naturels, il faut le faire. Et je déteste ça. Ça prend trop de temps et le style ne reste pas avec la journée. Donc je préfère faire des tresses. En général, ma relation avec la tresse est donc très, très positive. Et voilà. 

 

Pour ce qui est des relations plus familiales avec les tresses, les moments ou ma mère me coiffait, ça me faisait très mal. Comme je l'ai dit, c'était très sensible du cuir chevelu. Donc ce n'était pas des moments très positifs mère/fille. Et c'était quelque chose que j'essayais d'éloigner le plus possible ? Plus on restait, plus le plus longtemps sans avoir à me recoiffer ou quoi que ce soit parce que je n'aimais pas ça. Mais ces moments-là n'ont toutefois pas impacté ma relation avec les tresses directement. Et jamais ça ne m'a jamais donné moins envie de me faire faire des tresses, parce que j'avais des moments plus négatifs en les faisant.

 

Et pour ce qui est de moi, avec le monde, malgré le fait que je n'ai pas particulièrement eu de commentaires, de situations trop difficiles avec mes collègues de classe, par rapport aux tresses, j'ai eu des moments où ça a été dit que c'était peut être bizarre, différent. On m'a même dit au secondaire, donc on avait à peu près seize ans, que mes cheveux ressemblaient à une MOP et je m'en foutais parce que moi, je savais très bien que ce n'était pas le cas.

 

Mais maintenant, quand je vois dans les médias des gens qui viennent de cette même ethnie là, qui utilisent les tresses comme tendance, comme style, ça me donne une mini, un mini sentiment amer. Et je me dis , il y a dix ans ces filles là, on dit un commentaire similaire à leurs camarades de classe et que là elles utilisent ce style, juste parce que c'est à la mode, parce que c'est tendance, surtout aux États-Unis. Je pense à Hollywood et il y a des célébrités. Et tout ça représente un mouvement non seulement de style, mais aussi de droit. Et j'aime pas trop que ce soit utilisé juste comme style pour être pour d'autres communautés. Mais pour ce qui est des gens de ma communauté, j'adore qu'ils se fassent des tresses tant qu'ils aiment ça. Ça leur va bien et ça me dit que c'est accepté. Au moins dans certaines, dans certains mouvements, dans certaines communautés.

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