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DZY...AN

Je me présente : mon nom est Dzi'an. Je suis d'origine jamaïcaine et québécoise. Ma mère blanche aux yeux bleus, blonde. Mon père jamaïcain noir. J’ai été élevée en famille d'accueil ce qui fait que moi les tresses j'ai connu ça à l'âge de 18 ans pas avant, parce que j’ai été juste dans des familles d'accueil blanches. Toutes ces familles d’accueil là ne savaient pas quoi faire avec mes cheveux, ce qui fait qu’il les coupaient très courts.  Alors à 18 ans j'ai rencontré une amie jamaïcaine, c’est là que j’ai appris à faire des tresses et j’ai adoré moi faire des cornrow, la précision.. on a fait les extensions aussi ce que je n’ai pas aimé parce que ça me grattait le cou la nuit. mais j’aimais le look que ça donnait. Mais j’ai aimé la présence qu'on avait entre nous pour faire les tresses. On a passé des nuits, tant avec les tresses suspendues sur des cordes ou avec les cheveux suspendus sur des cordes où on les prenait une par une pour raconter des histoires, on écoutait de la musique, on mangeait, avec mes amis on passait des nuits comme ça.

 

Puis, quand j'ai eu ma fille, j'ai eu ma fille a 23 ans j'étais contente parce que c’était une fille et je pouvais la tresser autant que je voulais. Elle a aimé ça et j'aimais ça parce que c’était un moment où on était près l’une de l’autre. Mais quand elle grandissait un peu plus tard elle voulait plus se faire tresser. Je pense vers l’âge de 10 ans c'était la dernière fois que j’ai pu la tresser. Mais après ça j’allais retourner voir mes amis à New York par exemple, à chaque fois j’avais une amie qui m’assoyait entre ses genoux puis qui me tressais, j’adorais. 

 

Ce que j’ai aimé des tresses, en anglais on dit “closeness” mais en français on dirait juste d’être prés les uns des autres puis de parler les uns avec les autres parce que ça donnait l’occasion d’échanger des recettes, de parler de ce qu’on faisait de notre temps. Puis moi ce que je fais de mon temps, je suis une artiste. J’ai touché à tellement de champs d’actions que j’ai de la misère d’en choisir juste un. Dans mon art en ce moment je suis en train de créer une pièce où les deux personnes : y’en a une qui tresse les cheveux de l’autre. Puis pendant qu’elle fait ses tresses, [parce que pendant que j’ai fais mes recherches la dessus, à l’époque du temps de l’Esclavage où quand on embarquais les gens sur les bateaux pour leur faire traverser l’océan, les mamans mettaient dans les cheveux de leurs enfants des grains de riz ou des graines qui pouvaient être replantées où ils aterrissaient avec leurs bateaux. Je pense que c'étaient des graines de kassovat. Puis aussi de l’or juste pour que cet enfant là ou cette jeune femme là puisse se débrouiller dans le pays où elle allait se retrouver. Fait qu’il y avait toutes sortes de choses cachées dans les tresses pendant qu’ils faisaient les tresses aussi. Puis c’est ces choses que j’ai envie de répéter dans ma pièce d’art, ce qui fait que deux personnages là sont en train de faire des tresses, puis elles sont en train de mettre des graines dans leurs tresses. 

 

Dans cette pièce-là, ça raconte le voyage de ces deux personnages là aussi. Mais ce moment où elle apprend et où elle tresse ses cheveux et où elle lui donne à manger, où elle la lave, c’est un moment de closeness. C’est un moment où elles sont près l’une de l’autre. Quand je pense aux tresses, je pense à la proximité qu’on a l’une de l’autre et à comment on se donne de l’amour à travers ça. 

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