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Cindy Belotte

Bonjour. Je m'appelle Cindy Belotte, je suis Haïtienne, née à Montréal. Je suis une maman, une soeur une  tante, une cousine. Qui d'autre suis-je ? Je suis une fille. Je suis une danseuse de tradition haïtienne. J'enseigne aussi cette tradition haïtienne à plusieurs endroits. Je suis chanteuse. Enfin, je suis "tout-iste" et fière de l'être. En fait, je touche à tous ces bateaux là dans ma vie et qui font la personne que je suis aujourd'hui.

 

Maintenant, ma relation avec les tresses : Étant petite, j'avais les cheveux pas nécessairement raides mais, très, très fin, très malléables. Mais c'était naturel chez nous d'avoir les cheveux naturels, donc sans produits, simplement la pommade d'axe qu'il fallait mettre dans les cheveux, puis avoir des grosses tresses où bien des grosses barrettes avec des boules gogo, comme on dit chez nous et des rubans. Donc moi, c'est ce que j'ai toujours connu. Pour ma part, ma petite sœur et mes grandes sœurs étant quelques années plus vieilles, en grandissant, ont convertit vers la permanente. Donc, comme c'était la tendance de permanente, ensuite, le Curl, alors nous petits, on nous a rentré dans ce moulin là. 

 

Par la suite, la relation avec les cheveux c'était tout simplement pour rendre les choses faciles, parce que le cours de la vie l'exige. C'est de mettre des tresses, donc de différentes longueurs, différentes grosseurs. Pour moi et ma sœur surtout, ma petite sœur. Et puis, en grandissant, on a converti divers des greffes, les greffes, parce que c'était ce que les grands faisaient. C'était la mode aussi et c'était joli, c'était long, c'était lisse. Donc il y avait, ce désir de se voir, de se reconnaître à travers l'autre.

 

Donc, qu'est ce que les grandes sœurs faisaient ? Qu'est ce que les amies des grandes sœurs faisaient ? En fait, l'entourage, parce que c'était la tendance. Alors on voulait faire partie du bateau et on rentrait au secondaire, c'était les tresses, toujours parce que c'est facile. Les ti  kouri, c'était pas tellement populaire. Au secondaire, c'était vraiment des tresses et les greffes si je me fais un bon souvenir.

 

Et puis, grandissant comme ça, j'ai ma petite sœur qui, elle, a décidé de faire d'entamer la relation avec ce qu'on appelle les dreadlocks et en faisant les dreadlocks. Moi, j'étais comme «ben non moi, j'aime le changement» j'aime, mais c'était trop standard, c'était trop et trop simple pour pouvoir aller dans cette direction là. Moi, j'ai toujours posé la question à ma sœur. Mais pourquoi tu fais ça vu qu'il n'y a pas de changement que tu peux faire avec tes cheveux ? Moi, c'est ce que je veux. Je vais m'en aller dans cette direction-là. Je ne veux pas mettre des produits dans mes cheveux. Ne pas mettre de permanentes. Je veux rester le plus simple, le plus naturel possible. 

 

Moi, j'étais quelqu'un de très simple, les cheveux courts, les cheveux longs. Bah, c'est pas grave. Jusqu'au jour… Où est-ce que j'ai senti que je devais faire cette transition vers les locks moi même. Ce que je porte maintenant depuis quinze ans. C'était à l' intérieur de  moi. C'est comme si j'avais besoin de cette assise là. J'avais besoin de cette stabilité dans mes cheveux, de les laisser respirer. Et puis j'ai commencé les locks tout court. J'avais déjà rasé mes cheveux au complet. Et puis à la repousse, j'ai demandé à ma sœur de les commencer pour moi. Je me suis dis que si je suis capable de faire deux semaines avec ça, ça veut dire que mon cheminement est bien entamé, mais c'était vraiment intérieur à moi. Ce n'est pas parce que les autres voulaient m'influencer ou quoi que ce soit. C'est vraiment partie de moi. 

 

Et à partir de ça, je suis allée voir un spécialiste : Trax, qui a bien arrangé mes cheveux. Pis, depuis, je mets pas de produits chimiques dans mes cheveux, je mets des trucs naturels dans mes cheveux et puis voilà j'ai jamais eu les cheveux aussi long. Depuis, malgré que, à l'époque, on disait que la permanente aidait à faire pousser les cheveux, ce qui est faux. J'avais tout le temps des chutes de cheveux et que de mettre les tresses a aidé à repousser les cheveux, ce qui est en partie vrai. Mais il y a un côté qui va chercher l'acceptation des autres là-dedans. Est ce que le regard du blanc, par exemple, va avoir par rapport à tes cheveux parce que ça lui ressemble. Les cheveux sont longs, ils sont tressés, c'est beau là, là moi, c'est moi, c'est mon travail, à moi pour moi, et je pense avoir influencé mes enfants de la sorte.

 

Ma fille a eu des locks, pendant, peut être à treize ans, elle a changé ça quand elle a fini le secondaire par choix. Elle voulait commencer  pour elle, par choix et elle a retiré, pour elle par choix. Elle avait toujours les cheveux naturels dont elle  prend soin. Et mon garçon qui a dix ans maintenant, ça fait cinq ans qu'il a les cheveux locks et qui est très bien, très très à l'aise avec. Avec l'idée de prendre soin de ses cheveux naturels.

 

Le mouvement dans ma famille, c'est  propulsées, dit-je, la plupart de mes grandes sœurs ont les cheveux naturels, sans produits chimiques. Sinon elles vont mettre des tresses, mais pas avec la base permanenté c’est le cheveu naturel, tout simplement. À moins peut-être une encore qui résiste, quelques unes, mais la plupart ont des cheveux naturels.

 

Donc ça a été une transition. Ma mère n’était pas d'accord du tout avec les locks, c'était «oh non, les locks c'est pas joli, c'est pas propre !». Et pourtant, il y a tout un côté spirituel, tout un côté naturel. Acceptation de soi dans le lock que moi je défends et qui s'aligne avec la personne que je suis aujourd'hui.

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